A la toute fin des années 50, la famille Price s’installe au Congo pour prêcher la bonne parole chrétienne aux sauvages Africains. C’est ainsi du moins que le conçoit le père, Baptiste fanatique, qui dirige sa femme et ses filles comme sa paroisse d’une poigne de fer. L’installation dans le paisible village se déroule sans encombre, jusqu’à ce que le désir de liberté des Congolais entraîne les troubles qui déboucheront sur la Guerre d’indépendance…
Tour à tour raconté par la mère et chacune des quatre filles, le récit de cette famille nous plonge dans trente années d’Histoire du Congo et de l’Afrique noire, dénonçant le fondamentalisme religieux, le racisme, la ségrégation et le colonialisme, mais aussi le patriarcat et la misogynie. Au travers de la voix de Ruth-May, la petite dernière, on entend celle de Barbara Kingsolver, qui a elle-même vécu une partie de son enfance au Congo dans les années 60, bien que leurs histoires soient totalement différentes. L’humanisme et la combativité de l’autrice transparaissent dans chaque ligne, sans oublier le rôle émancipateur de l’amour, fou et inconditionnel, qui rend le roman d’autant plus vivant.
Malheureusement plus édité en France, Les Yeux dans les arbres est pourtant le roman le plus fort de Kingsolver. A lire absolument.