A Ironopolis, rien ne va plus en ce début de 21e siècle. Les usines ont fermé, les cités sont détruites, les commerces ferment. En effet, depuis l'âge d'or de l'après-guerre jusqu'au lent déclin de la fin du siècle, les choses ont bien changées dans cette ville industrielle du nord de l'Angleterre : les rues, les friches, les gens qui ont vieillis, ceux qui sont partis et ceux qui sont morts. Mais les souvenirs demeurent, l'impact des mauvais choix et des cruautés enfantines, des coups de béguins et coups bas. Et demeure aussi la monstresse locale, cette morte du fond du puits qui appelle à elle les âmes perdues, l'effroyable Peg...
Dans un roman choral à la langue agréable, avec sa petite touche de folklore fantastique tout à fait originale, l'auteur anglais Glen James Brown s'inscrit dans la tradition du roman social anglais, en dépeignant les classes populaires, ces fiers ouvriers déclassés et délaissés depuis Thatcher et le déclin de l'ère industrielle. Sur plusieurs générations, dans une cité inventée mais qui pourrait tout autant être réelle, le roman décortique avec amour l'âme de ses personnages, leurs secrets et leurs lâchetés, mais aussi leurs espoirs et leur touchante naïveté. Les pires choses, parfois crues mais souvent tout juste suggérées, côtoient quelques moments de pure grâce. Il y a peu d'optimisme, peut-être un peu de nostalgie (de l'insouciance des trente glorieuses, ou de celle des rave parties au tournant des années 90), mais la fin ouverte peut nous faire espérer un autre avenir, hors de la cité, hors de la fin du monde, et vers d'autres possibles.